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Fog over tall snowy mountains

Réaction du Civil 7 au Sommet des dirigeant-es du G7 – 2025

Le 50ᵉ Sommet des dirigeant-es du G7 à Kananaskis s’est maintenant conclu. Si le Civil 7 (C7) note certaines des avancées positives annoncées par les leaders, le sommet n’a malheureusement pas été à la hauteur de l’ambition ni de l’unité nécessaires pour relever les défis mondiaux actuels.

Ce sommet s’est déroulé dans un contexte marqué par des besoins humanitaires croissants, une crise climatique, un recul démocratique et des inégalités toujours plus profondes. Le C7 avait exhorté les dirigeant-es du G7 à adopter un agenda centré sur la justice, fondé sur le droit international, l’équité, les droits humains et la coopération multilatérale. Ce qui est ressorti, en revanche, est un ensemble d’engagements épars, insuffisants pour affronter les crises structurelles auxquelles sont confrontées les personnes et notre planète.

Si nous saluons les appels au cessez-le-feu à Gaza et à la protection des civils au MoyenOrient, l’absence d’engagements forts en faveur du rétablissement de l’accès humanitaire et du respect du droit international humanitaire nous inquiète profondément. Par ailleurs, dans un contexte d’escalade militaire entre l’Iran et Israël, nous demandons instamment au G7 d’adopter un rôle équilibré et principiel pour apaiser les tensions par la diplomatie. Le chemin vers une paix durable passe par une médiation impartiale et un engagement constant en faveur du dialogue plutôt que de la confrontation. Le soutien à la paix doit être universel, non sélectif.

Le G7 réaffirme son appui à l’Ukraine et sa condamnation de la répression transnationale, des signes importants en défense du droit international et de l’espace civique. Cependant, le silence persistant sur d’autres contextes urgents — notamment le Soudan, la République démocratique du Congo, Haïti, le Myanmar, le Yémen — ignore les besoins de millions de personnes confrontées au déplacement, à la violence et à la faim.

La coopération au développement est restée étonnamment absente. Contrairement au Sommet de Kananaskis en 2002, où les chef-fes du G8 avaient placé l’Afrique et le développement au cœur de leurs discussions, le rassemblement de cette année n’a pas répondu à la contraction des budgets d’aide ni à l’augmentation des besoins mondiaux. Ce n’est pas de la prudence budgétaire : c’est un échec stratégique qui mine la stabilité mondiale et méconnaît le potentiel transformateur des partenariats audacieux et centrés sur les populations.

Les références au soulagement de la dette manquent à ce jour de précision et d’ambition. Alors que plusieurs pays sont en situation de dette critique ou s’y approchent, le G7 doit s’engager en faveur d’une réforme structurelle du système financier international et soutenir l’annulation inconditionnelle de la dette. Le C7 réitère son appel à l’instauration d’un mécanisme permanent de restructuration de la dette souveraine sous l’égide des Nations unies.

La coopération du G7 avec le Sud global doit aller au-delà de l’extraction des ressources et de la compétition géopolitique. Elle doit prioriser des chaînes de valeur équitables, un travail décent, l’équité entre les genres et une véritable autonomie économique, pour s’assurer que les échanges et les investissements soutiennent — et non entravent — les objectifs de développement, climatiques et de droits humains. De plus, le Plan d’action sur les minéraux critiques du G7 ne doit pas nuire aux besoins et intérêts des peuples autochtones et des territoires des pays fournisseurs, et doit soutenir le développement de chaînes de valeur permettant aux communautés locales de bénéficier équitablement de leurs ressources et de construire leurs propres économies vertes et durables.

On relève également une absence notable de dialogue et d’engagements en matière d’égalité des genres et de protection ainsi que de promotion des droits des femmes et des personnes LGBTQI+. Alors que les droits de ces personnes reculent dans de nombreuses régions du monde, c’est extrêmement décevant. Or, la corrélation entre progrès en matière d’égalité des genres, paix, sécurité et économies durables est claire, et nous avons manqué une occasion majeure.

Sur le climat, l’écart entre la rhétorique et l’action demeure important. Si le G7 a reconnu les enjeux liés aux feux de forêt et à la gestion environnementale, il n’a pas présenté de feuille de route crédible pour sortir des énergies fossiles, augmenter le financement climatique ou respecter les engagements existants. Le C7 appelle les pays du G7 à supprimer les subventions aux énergies fossiles, à contribuer financièrement de manière nouvelle et additionnelle au Fonds « pertes et dommages », et à accroître les financements pour l’adaptation, en particulier pour les communautés les plus vulnérables.

Nous saluons la reconnaissance du leadership autochtone, notamment en matière de réponse aux feux de forêt et du Plan d’action sur les minéraux critiques. Cependant, cette inclusion doit s’inscrire dans des engagements plus larges en faveur de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, notamment le principe du consentement libre, préalable et éclairé, et la justice environnementale.

Le C7 appelle enfin les dirigeant-es du G7 à traduire leur volonté politique en actions concrètes concernant la sortie des énergies fossiles, la justice fiscale, le soulagement de la dette, l’équité commerciale et l’action humanitaire. La société civile n’est pas en marge : elle est au cœur de solutions véritablement ancrées dans la réalité des « populations ». Nous sommes prêt-es à collaborer avec celles et ceux qui souhaitent agir avec audace et exemplarité.

Alors que le G7 s’apprête à entamer ses prochaines rencontres ministérielles et que la communauté internationale se tourne vers d’autres sommets, dont la Quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, nous demandons aux dirigeant-es de porter haut les valeurs de justice, d’équité et de solidarité multilatérale. Elles ne doivent pas rester des aspirations : elles doivent guider des actions transformatrices. Nous attendons avec intérêt une collaboration renouvelée avec les gouvernements du G7 pour que ces valeurs se traduisent en actes concrets.