
Au-delà des promesses : comment le leadership du G7 peut assurer un avenir juste et vert pour tout le monde
Par Harjeet Singh
Alors que les ministres du Climat, de l’Énergie et de l’Environnement du G7 se réunissent cette semaine, le monde est plus que jamais fracturé par les tensions géopolitiques et ébranlé par une polycrise. L’urgence climatique s’aggrave, et l’année 2024 est déjà inscrite dans l’histoire comme la plus chaude jamais enregistrée. En parallèle, la biodiversité de notre planète s’effondre à un rythme alarmant, tandis que les inégalités sociales se creusent.
Dans ce contexte instable, nous avons plus que jamais besoin d’un multilatéralisme fort, inclusif et coopératif. Pourtant, les pays qui portent la plus grande responsabilité historique dans la crise climatique — les membres du G7 — n’ont toujours pas démontré le leadership qu’exige la situation.
En tant que Groupe de travail du Civil 7 (C7) sur le climat, l’énergie et l’environnement, nous avons présenté notre communiqué comme une véritable feuille de route pour la survie. Le G7 a longtemps défendu un modèle de développement extractif qui alimente le chaos climatique et accentue l’endettement. L’approbation continue de nouveaux projets liés aux combustibles fossiles contredit le consensus scientifique et trahit la confiance que la communauté mondiale avait placée en ces dirigeant·e·s.
Cette rencontre ministérielle marque un moment charnière. Le G7 doit changer de cap en profondeur. Le temps des promesses creuses est révolu.
La fin de l’ère des combustibles fossiles — à la portée du G7
Notre première demande est sans équivoque : le G7 doit montrer l’exemple en menant la transition hors de tous les combustibles fossiles.
Le C7 appelle les pays du G7 à s’engager à atteindre un secteur énergétique entièrement fondé sur les énergies renouvelables d’ici 2035. Cela exige des mesures contraignantes pour éliminer progressivement le charbon, le pétrole et le gaz, conformément à l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Ces engagements doivent constituer le plancher, et non le plafond, de leurs prochaines contributions déterminées au niveau national (CDN) pour 2035.
Cette transition ne peut pas être financée d’une main pendant que l’autre continue d’alimenter la crise. Le G7 doit rediriger sans délai les subventions massives et néfastes accordées aux combustibles fossiles. Ces fonds publics devraient plutôt être investis dans des systèmes d’énergie renouvelable décentralisés, communautaires et détenus localement, ainsi que dans l’établissement de cadres de transition juste juridiquement contraignants, garantissant la protection sociale et des emplois décents, en particulier pour les femmes.
Le financement climatique : un test décisif pour la COP30
Soyons clair·e·s : le succès ou l’échec de la COP30, qui se tiendra à Belém, dépendra directement des décisions que le G7 prendra dès maintenant en matière de financement climatique.
Depuis des années, on demande aux pays du Sud de patienter. Ces pays supportent le poids d’une crise qu’ils n’ont pas créée, sans disposer des ressources nécessaires pour s’adapter ou se relever. Voilà le cœur de l’injustice climatique. Le G7 a à la fois l’occasion et l’obligation d’établir enfin un objectif de financement climatique post-2025 (NCQG) à la hauteur des besoins.
Le C7 a défini l’ampleur requise. Nous exigeons que le G7 trace une voie claire pour mobiliser au moins 1,3 billion $ US par année en financement nouveau, additionnel, prévisible et non générateur de dette.
Il ne s’agit pas d’un geste de charité, mais d’une question de justice et de responsabilité. Ce financement doit être fondé sur des subventions, accessible et dirigé vers les communautés de première ligne dans le Sud mondial. Il doit couvrir l’ensemble des besoins : stimuler l’atténuation, soutenir l’adaptation, financer une transition juste à l’échelle mondiale et doter adéquatement le Fonds pour les pertes et dommages.
La crise du financement touche également la nature. Le G7 doit cesser de financer la destruction. Nous demandons qu’il élimine sa part des 500 milliards $ US d’incitatifs nuisibles qui alimentent la perte de biodiversité et qu’il mobilise plutôt 200 milliards $ US par année pour mettre en œuvre le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal.
Justice et reddition de comptes : des fondations indispensables
Cette transition échouera si elle n’est pas ancrée dans les droits de la personne et la reddition de comptes. L’action climatique ne doit pas devenir un nouveau vecteur de colonialisme.
Le G7 doit mettre en place des mécanismes juridiques pour tenir les grands pollueurs responsables des dommages climatiques. De plus, toutes les politiques climatiques et de biodiversité doivent être alignées sur les cadres relatifs aux droits de la personne, notamment la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Cela comprend l’application intégrale du consentement libre, préalable et éclairé (CLPE), afin d’éviter que les efforts de conservation ne se traduisent par des accaparements de terres ou des violations de souveraineté.
Nous devons protéger les droits de celles et ceux qui protègent la planète. Les défenseur-e-s de la justice climatique et environnementale, en particulier les femmes et les leaders autochtones, font face à une violence croissante en défendant notre avenir collectif. Le G7 doit garantir qu’ils et elles puissent agir dans des environnements sûrs, exempts de peur et de répression.
Un appel à un véritable leadership
Les ministres de l’Énergie et de l’Environnement du G7 se trouvent à la croisée des chemins : continuer à gérer le déclin de notre planète ou démontrer le véritable leadership que ce moment exige.
Dans un monde fragmenté, relever les crises interconnectées du climat, de l’énergie et de la biodiversité est la seule voie viable vers la paix et la stabilité. Cela suppose que le G7 assume sa juste part d’action climatique et appuie les pays du Sud grâce à un accès équitable au financement et aux technologies nécessaires pour bâtir des sociétés vertes et résilientes.
Les pays et les communautés vulnérables observent. La société civile observe. Le G7 doit respecter ses engagements. Le monde a besoin d’un leadership réel et, ce, maintenant.
Harjeet Singh est le directeur fondateur de la Satat Sampada Climate Foundation et a été coordonnateur du Groupe de travail sur le climat, l’énergie et l’environnement du Civil 7 (C7) — le groupe officiel représentant la société civile dans le cadre du Sommet du G7 au Canada. Il est également coordonnateur mondial de la campagne Fill the Fund et conseiller stratégique à l’Initiative pour un traité sur les combustibles fossiles.